Série Quadrillage du sauvage
À travers champs
Quadrillage sauvage est une édition de tête de deux livres d’artistes qui font état d’un paysage traversé et découpé par l’homme naturophage.
Photographies et textes
À travers champs, est une balade de la forêt au jardin, qui continue la réflexion sur comment l’occupation humaine transforme l'espace et les organismes. Le choix des photos met en scène une lecture du paysage habité, architecturé, une approche de la nature par l'humain, son empreinte, une façon de traverser le paysage, de le découper, de le jardiner. Je m'en suis rendu compte en les regardant non pas avec l’œil du promeneur mais de l’édition.
Les bandes orange fluo s’inspirent du marquage des arbres à couper.
Série Quadrillage du sauvage
Fourrures sauvages et synthétiques
«J’ai cherché à retrouver la texture du sauvage en sondant l’appel de la forêt. La présence humaine se lit dans les traces que nous laissons sur notre
passage, dans les gestes et les outils. De ce constat simple, j’ai esquissé des structures
poilues en daim et en synthétique. »
Photographies et textes
Avec ce livre d’artiste j’ai cherché à trouver une texture sauvage pour sonder l’appel de la forêt. L’impact de l’occupation humaine par sa présence et ses actions se lit dans les traces qu’il laisse sur son passage, dans ses gestes et ses outils. Ce quadrillage de l’espace sauvage est ma grille de lecture du rapport que les sociétés humaines entretiennent avec le vivant, comment il le manipulent et le transforment. La découpe de la matière première et l’occupation humaine prend des formes et des logiques diverses. Avec le vêtement par exemple, la matière vivante devient un motif, il est porteur d’un imaginaire sauvage ou de l’imaginaire du sauvage, son traitement montre une façon de penser le vivant comme une matière, un artifice, une force naturelle à dompter et une matière première à manufacturer. De ce constat simple, j’ai esquissé des structures poilues en daim et en synthétique.
Partant de ma proposition de dessins, Antoine Läng artiste performeur vocal propose un découpage sonore, sa performance vocale rend à la nature sa polysensoralité.
Par Antoine Läng ( extraits)
Cette proposition s’inscrit ici dans une approche focalisée essentiellement sur la voix, son enracinement dans le corps et son déploiement dans l’espace. En privilégiant un angle purement acoustique et non-idiomatique, la voix est envisagée à partir du souffle, dans une attention portée sur les mécanismes physiques (altérations, répétitions, fatigue) qui peuvent produire des gestes sonores organiques pour en dire les limites de chair et orienter la performance vers une expression du corps par lui-même. (…) Les sons émis par le corps contribuent à relier le corps à sa dimension proprement animale, lui offrent ainsi tout loisir de s’épanouir dans une invisibilité caractéristique du monde sauvage, un élan préverbal susceptible de résonner jusque dans les dépouilles que ce monde nous abandonne. (…)
Le cri s’y entend comme une vibration qui se tient sur le seuil de toute prétention au langage, s’écoute comme un geste qui atteste le corps, entend le célébrer au-delà de son animalité, en l’habitant, en l’explorant à la manière d’un territoire sonore dont les fréquences s’entrelacent et dialoguent dans des contrepoints chaotiques ou s’unissent en une seule matière, puis s’en retirent.
Au moment où les effluves d’hydrocarbure remplacent petit à petit celles des feuillages et des pelages, de la résine et du sang, plus commodes dans leur abstraction devenue minérale sous l’effet du temps, une extinction de masse serait en marche, celle des parfums et des voix, provoquée à la fois par l’exploitation des souvenirs chimiques laissés par les fins précédentes et par l’oubli des multiples relations entretenues avec les vivants, niées du moment qu’on les regroupe sous le terme générique de nature.
Il convient alors de se souvenir que chaque cri est unique, une fragilité à envisager comme gage de survie.

Soundcloud écouter Antoine Läng